Le printemps, la mésange et l'étranger.
Soudain, le printemps est de retour
Comme s'il descendait des rayons de velours
D'une lune jaillissant d'une nuit claire,
D'un soleil éclatant de lumière.
Je me suis penché à la fenêtre de la terre,
Comme si je sortais à nouveau du ventre de ma mère,
Je sentis mes poumons se remplir une seconde fois
De cet air nourrissant moitié chaud, moitié froid.
Alors, les yeux mi-clos, j'ai vu sire le printemps
Glisser le long des gerbes du soleil levant,
Ruisselant comme une coulée de miel
Que l'hiver gardait dans un coin du grand ciel.
Sur une branche haute de mon vieil olivier
Une mésange bleue s'était mise à chanter :
« Ne coupe pas la branche qui supporte mon nid,
N'ôte pas les broussailles qui me servent d'abri ! ».
Des voisines répondant à son appel
Ont repris en cadence ces graciles décibels.
« Laisse-moi cette place, je t'offrirai mes chants,
N'enlève pas la branche qui me cache du vent ! »
Puis un merle est venu au pied de l'olivier,
Me dévoilant ses charmes il s'est mis à siffler :
« Ne taille pas ces ronces où j'ai bâti ma demeure,
Laisse ces feuilles mortes, j'y trouve mon bonheur ! »
Au bout de mon chemin un homme s'est arrêté,
Il m'a regardé longuement puis on s'est salué :
« J'ai marché si longtemps et je viens de si loin
Pourrais-tu m'offrir une tranche de ton pain ?
- Alors viens chez moi poser ton baluchon,
Du haut de ma colline tu verras l'horizon
Couleur du printemps, couleur de tes yeux
Qui s'allument soudain comme ceux d'un être heureux. »
La mésange m'a promis son chant tous les matins
Et mon ami le merle siffle ses longs refrains.
L'étranger est parti poursuivre son chemin,
Une amitié est née d'une tranche de pain.
Gilbert 11 mars 2017